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Chapitre 1

DESTINATION FLOCONS

Cette année, on a vraiment de la chance.

Cela fait quelques mois que nous vivons avec cette idée en tête…

On a tout découvert le jour où la maîtresse est entrée joyeusement en classe. Elle était couverte comme un pot de miel et se déplaçait, en faisant bouger le pompon de son bonnet,  sur une musique entraînante que nous ne connaissions pas : « Les Bronzés font du ski ».

Quand elle a commencé sa phrase interrogative : « Cette année, nous partons en classe de …. ? », nous n’avons eu aucune difficulté à trouver le complément du nom manquant.

Tous, on a sauté de joie et on a marché à la suite de la maîtresse qui jouait à dévaler les pentes et à prendre le tire-fesses ! C’était la plus belle surprise qu’Isabelle pouvait nous faire pour notre dernière ou presque (pour les CM1) année à l’école du Sacré-Cœur.

Nous sommes maintenant à quelques jours du départ et nous avons plein de questions à poser.

Cette semaine, nous préparons le séjour en cherchant sur la carte l’endroit exact où nous allons séjourner.

A l’école, la classe de neige va devenir une matière à part entière. Chouette !

Chapitre 2

POUR UN DEPART REUSSI

Tous les soirs, on lit et on relit le contenu du trousseau et certains ont même commencé leurs valises. Quelle organisation ! Remarquez, il vaut mieux l’être. Les affaires d’hiver, ça prend de la place. J’espère que je réussirai à boucler mon sac. J’ai un peu peur d’oublier ou de perdre des vêtements.  Sans parler des chaussettes ! Leur nombre est un multiple de 2 au départ. Pas sûr qu’il le soit à l’arrivée.

Bon récapitulons tout ce qu’il faut avoir dans sa trousse de toilette : savon qui sent bon, shampoing à la vanille ou pas, brosse à dents toute neuve, brosse à cheveux ou peigne, chouchous de toutes les couleurs, dentifrice bien rebouché, stick à lèvres (rose brillant ou vert fluo ou incolore), crème écran total (ça coûte cher, alors la maîtresse a dit qu’on pouvait acheter un tube entre copains).

« Je pense que je vais acheter des chaussons neufs, m’a confié mon voisin de classe. Le chien a mangé les miens. »

Ouf, Isabelle a proposé de récupérer notre argent de poche. Je l’ai rangé en petites coupures dans un porte-monnaie cousu main. J’espère que je trouverai une boule de neige pour ma grand-mère. Elle les collectionne. J’achèterai une pipe pour papa (même s’il ne fume pas) : on en fabrique dans le Jura, à Saint Claude. Nous l’avons appris dans un film cet après-midi.

Encore 7 jours avant le départ, je vais essayer de rester calme et de m’endormir en comptant le nombre de chaussettes et de slips dont je vais avoir besoin pendant mon séjour.

Vivement demain, on va continuer à travailler sur le lieu du séjour : région, altitude, démographie, domaine skiable, spécialités culinaires… Je m’endors le ventre bien plein et je rêve que je m’empiffre de gougères, d’une bonne tartiflette, d’une énorme part de comté. En me réveillant, je me suis demandé si j’avais eu un dessert.

Chapitre 3

LE JURA EN FORME DE CROISSANT

On n’en revient toujours pas ! Certains le savaient mais pas tous. Aujourd’hui, on a parlé de la formation des montagnes. Et quand Isabelle nous a demandé comment et depuis quand le Jura est né, on a proposé plusieurs réponses avant de trouver juste ou presque…

Chaque montagne a son histoire qui a commencé avant même l’apparition des hommes. Voici celle du Jura. Accrochez-vous, et dites-vous que ce n’est pas de la magie.

Il paraît donc qu’une mer chaude et peu profonde se trouvait là à la place des montagnes, y a 150 millions années ! INCROYABLE ! Cette mer aurait laissé un sol calcaire très riche en fossiles. Et plus tard, avec ce qu’on appelle la dérive des continents, les plaques, (moi je comprends mieux quand on parle de blocs de terre et de roche) se déplacent et finissent pas se cogner. N’importe quoi ! Des copains approuvaient le discours de la maîtresse et ont pris la parole pour dire que les montagnes se forment grâce aux bords des plaques qui se rencontrent, se plissent, se tordent et s’élèvent ensemble.

Le Jura a donc poussé. Bon si vous voulez !  Et plus tard, il a été bousculé par les Alpes et il a pris une forme de croissant. Miam on en mangerait pendant longtemps car il mesure 340 km de long.

Chapitre 4

DE L’EXCITATION DANS L’AIR

C’est notre dernière journée d’école avant le grand départ et en plus on la passe au collège. Je me sens devenir grand et fort d’un seul coup.

Si grand qu’à la maison, je ne me contrôle plus. Tout m’énerve et je saute comme une puce. Je vous jure que je ne suis jamais comme ça d’habitude, je suis toujours calme et obéissant. Mon frère m’énerve, ma sœur est toujours dans mes pattes. Je leur hurle : « Je suis bien content de partir et vous n’avez pas intérêt à toucher à mes affaires pendant mon absence. »

Je crois que les derniers moments à la maison vont être interminables.

Vivement dimanche. Une semaine sans ce petit frère casse-pieds et cette frangine pleurnicheuse. A moi la liberté ! Cette classe de neige, elle tombe à pic !

Chapitre 5

MES CHERS PARENTS, JE PARS

Heureusement, il fait nuit noire pour cette scène des adieux à la porte du car JEZEQUEL.

Alors, un conseil, faites comme les gros durs : Une fois que vous êtes assurés que votre valise est dans la soute, que vos médicaments sont confiés à Sophie, l’infirmière, qu’Isabelle a bien casé votre sac pique-nique dans le carton prévu à cet effet, et non dans ses affaires personnelles, abrégez la scène de départ.

Dites « Au revoir papa » ou « Au revoir maman ». (Entre nous : félicitations à celui qui a bien voulu se lever à quatre heures du mat et médaille d’or à ceux qui sont venus tous les deux).  Allez un bisou rapide et on s’installe…car une seconde de trop et ce seraient peut-être les chutes du Niagara !

A vous parents la tranquillité d’un vrai dimanche et de soirées plus calmes. « Vous n’aurez plus d’enfant ce soir… » ni demain pour les devoirs ! Profitez, cela va passer vite, trop vite et quand on reviendra, on claironnera, on racontera nos souvenirs à n’en plus finir.

C’est parti pour l’aventure. Finalement, assis dans le fond du car, j’ai quand même un léger pincement au cœur mais ça va passer. De toute façon, ce soir, en ouvrant ma valise, je retrouverai la photo que j’ai glissée entre mes deux pyjamas, celle de ma famille et de mon chien. Papa et maman, je vous aime tant. C’est fou, je ne m’en étais pas rendu compte à ce point avant !

Chapitre 6

EN VOITURE SIMONE ou plutôt DANS LE BUS AVEC MIMI et CHRISTOPHE

Christophe, c’est le prénom du chauffeur qui va séjourner avec nous et nous conduire partout dans le Haut Jura.

La tristesse que j’éprouvais au départ s’est vite dissipée. Je suis assis à côté de mon meilleur copain. On a des blagues à se dire, des jeux à s’échanger, des livres pour passer le temps.

  • Tu crois que la classe de neige va bien se passer ? Pourvu que de notre chambre on ait une vue sur la montagne !
  • J’espère qu’on va bien manger !
  • Quand est-ce qu’on s’arrête pour faire pipi ?
  • J’ai faim. Qu’est-ce qu’on va avoir au petit déjeuner ?
  • On peut regarder un DVD ?

Ma voisine a fini par s’endormir sur mon épaule. Et moi, je n’osais plus bouger alors j’ai regardé le paysage qui déjà ne ressemblait plus à celui que je connais. Ouf, elle a changé de sens et s’est rendormie la tête sur l’accoudoir.

Dans quelques heures, on sera dans le JURA ! Hip hip hip HOURRA !

 

Chapitre 7

BIENVENUE AU GRAND TETRAS

On a traversé des paysages époustouflants, vallonnés, boisés.  Il fait déjà nuit mais des lumières accueillantes nous appellent à sortir du car, sans trop de bousculade. On a récupéré nos valises et on a fait crisser leurs roulettes.

Nous avons été accueillis dans la salle à manger (ici, on ne parle pas de réfectoire) : le décor est soigné, on se croirait dans un chalet suisse.

Stéphane a agité une clarine. C’est le signe que nous devons nous taire et l’écouter. Il nous a présenté le gîte : c’est une ferme familiale avec au moins 15 chambres et plein de lits, plus de 50 puisque nous sommes 55 avec les accompagnateurs. Ce qu’on va surtout aimer c’est la salle de jeux avec 3 babyfoots, une table de ping-pong et des jeux de société.

Il nous a aussi annoncé les règles de vie :

  • Désignation de deux responsables par table pour débarrasser.
  • Aération et rangement des chambres chaque jour.
  • Interdiction de faire du bruit le soir.
  • Respect du matériel.
  • Propreté des sanitaires.
  • Extinction des lumières quand on quitte une pièce.
  • Economie de l’eau : on ne passe pas trop de temps sous les douches et on pense à fermer le robinet quand on se brosse les dents.

Bref, toutes ces consignes, on les connaît. Nos parents nous les répètent tous les jours ou presque. Mais on les oublie parfois…

Trop hâte de découvrir nos chambres ! C’est la nôtre la plus belle, la plus grande, et en plus on n’est pas trop éloignés des douches. C’est cool ! On se croirait dans un chalet.

Ça sent bon le bois et les lits semblent si confortables.

On a mis nos pouces en avant pour montrer qu’on était contents, que c’était super. Hop, je choisis mon lit en y posant ma valise :

-Heu, peut-être que quelqu’un voulait ce lit ?

Personne n’a répondu. Tous étaient déjà occupés à ouvrir les armoires pour y déposer leurs affaires. Moi, j’avais déjà envie de rapprocher mon lit de celui des autres pour me sentir encore plus près des copains avec qui j’allais passer le plus beau séjour de ma vie.

Chapitre 8

EN ATTENDANT DE SKIER

Le matin, quand la maîtresse a ouvert les volets, on a fait la danse de la neige en pyjama : le ciel était aussi gris que le sol était blanc. Des flocons volaient partout emportés par le vent.

« Nous ne ferons pas de ski aujourd’hui car les pistes ne sont pas praticables : La neige est encore trop molle et poudreuse. Il faut attendre qu’elle soit damée, c’est-à-dire l’aplanir et la rendre plus compacte, ont annoncé les maîtresses.  Par contre, nous avons un nouveau programme qui devrait vous plaire. »

Génial, j’adore les surprises !

Le matin, on est entré en masse dans un magasin de location de ski. Heureusement les loueurs sont prévenus de notre arrivée. Et Justine, la fille de Sylvie a préparé des listes d’élèves pour y renseigner les numéros de casque, skis, chaussures… On est assis sur les bancs du magasin et on s’occupe bien de nous : pas facile d’enfiler et surtout de retirer ces grosses godasses rigides !

On joue avec la neige, on en mange, on fabrique un igloo mais on n’a pas le droit de se rouler dedans même si on en meurt d’envie.

L’après-midi, il neige moins et le vent s’est calmé : le temps idéal pour faire une sortie en raquettes et surplomber le petit village où nous logeons. C’est fabuleux. On a encore mangé de la neige, mais cette fois, c’était involontaire. On a admiré les paysages : les sapins dont les épines croulaient sous l’or blanc, les gentianes hautes et ratatinées par le froid, quelques rares habitations, notamment une loge.

Nous sommes redescendus avec encore plus d’enthousiasme, attirés par la promesse d’un goûter réconfortant.

Chapitre 9

CHER PAPIC, CHERE MAMIC

Je m’aperçois que je pense de moins en moins à mes parents.

Je me sens ici un peu comme chez moi. La classe de neige se passe vraiment très bien.

On est de plus en plus à l’aise avec les élèves de Tréguier et ensemble on chante à tue-tête, quand Sylvie nous accompagne à la guitare une chanson entraînante : « Si tu pars, si tu pars en classe de neige, dans les montagnes du Haut Jura, n’oublie pas …. » ou « Grand Tétras, Petit Tétras ». Pour se souvenir des paroles, on décode les dessins comme dans un rébus.

J’ai déjà plein de choses à raconter. Mais comment je vais pouvoir expliquer tout en détails dans la lettre que j’enverrai à mes parents ou à mon parrain. J’ai hâte d’acheter mes cartes postales pour qu’ils se rendent compte de la beauté des paysages. Je leur parlerai aussi des menus et je de tous les légumes que je suis maintenant capable de manger. Le cuisinier, Stéphane nous fait quelquefois deviner la liste des ingrédients qui composent ses plats. Promis, papa et maman, je ferai maintenant des efforts pour goûter à tout, sauf la soupe à la grimace.

Ah, ça y est, je sais ce que je vais écrire à mes grands-parents :

                  Chers papic et mamic,

Ce matin, nous avons visité le musée de pépé Roger qui collectionne les skis les plus anciens. Il en a plus de 800 récupérés dans les fermes aux alentours.  Il paraît que la paire la plus ancienne a 8 000 ans. Pépé Roger, lui, a 80 ans et il a plein de souvenirs dans la tête. Sa maman lui posait des ventouses dans le dos quand il était malade et il courait à toute allure pour éviter cette torture.

 Dans son musée, il y a aussi un bobsleigh « Le Macotais » champion olympique de Grenoble en 1968. C’est dingue, vous ne trouvez-pas ? Pépé Roger nous a aussi fait rire quand il nous a raconté sa chute en ski : il avait notre âge. Il voulait faire son malin, aller plus vite que ses grands frères. Il a fini par embrasser un arbre et s’est cassé une jambe et il ne voulait pas qu’on enlève son pantalon car il pensait avoir oublié de mettre un slip.  

Je pourrais encore vous parler longtemps de pépé Roger tant il sait raconter les histoires pour nous faire aimer son pays mais la maîtresse a proposé qu’on aille faire de la luge dans le champ juste en face du gîte…J’y cours !

                                                                                                                                                      Je vous envoie des grosses boules de neige,

                                                                                                                                                                                                   Signé : MOA

Chapitre 10

GLISSADES à GOGO

C’est mercredi. Normalement, on n’a pas école.  Très tôt, ce matin, j’ai été réveillé par un bruit de moteur. J’ai pensé que mon voisin ronflait trop fort. Mais c’était le chasse -neige.

A force de voir tomber les flocons, on apprend que la neige a aussi saupoudré les Côtes d’Armor. La maîtresse peine à ouvrir le volet de la chambre : il y a une sacrée couche !

On sait depuis hier soir qu’on ne pourra pas se rendre sur les pistes des Jouvencelles. On ne pratiquera pas le ski alpin. Au départ, on était super déçus mais Stéphane nous a tous équipés en skis de fond. Il nous a encouragés, nous a aussi assuré qu’il valait mieux commencer avec ce genre de skis pour prendre les bonnes habitudes. Déjà, on ressemble un peu moins à des cosmonautes ! En route vers la station de la Darbella Nordique, à un quart d’heure des Rousses.

Quatre moniteurs, reconnaissables à leur combinaison rouge, nous attendent et on forme donc quatre groupes. Première difficulté, clipser la pointe de la chaussure dans la fixation. J’ai l’air d’un robot et je perds l’équilibre. Quelle bêtise de nous ranger en ligne. Effet dominos assuré ! Y’en a qui m’ont agacé à se prendre pour des médaillés olympiques. Je tairai le nom de celui qui m’a doublé en me frôlant et en poussant des cris de vainqueur. Sans compter qu’en voulant me récupérer, j’ai marché sur le ski d’une fille qui a hurlé : « Non mais c’est pas possible, je venais juste de me relever. T’es un véritable… » Et je n’ose vous écrire la fin de sa phrase. Au début, on était tous (sauf les plus chevronnés) un peu figés de stupeur comme des stalagmites. Que de skis, bâtons et même bras ou jambes à démêler. On a bien rigolé.

Ski non-stop ! C’est reparti tout l’après-midi. On change certains groupes et on prend de plus en plus de plaisir. Isabelle n’a pas pu nous photographier. Soit on allait trop vite, soit elle avait assez à faire avec elle-même et son matériel de ski.  

Sacrée journée. En rentrant au gîte, on avait tous faim et on a savouré notre chocolat chaud dans lequel j’ai trempé mes chocos « Petits Princes ». PUB !

Il faut dire qu’avec ce froid de canard, j’ai toujours faim. L’air de la montagne, ça creuse ! Heureusement on est très bien nourri ici ! Je l’ai sans doute déjà dit mais on ne le répète jamais assez. L’hôte de la maison cuisine drôlement bien. Et surtout, le bénédicité d’Anne-Marie, rend les repas encore plus savoureux. On chante et on imite le pélican qui nourrit ses enfants puis le kangourou qui rassasie ses p’tits bouts de choux. Merci seigneur qui avez béni ce que nous avons dans notre assiette.

Et le soir, on s’endort vite. Chez les garçons, c’est Tristan qui nous surveille. Il est sympa. Mais il a une grosse voix parfois. Alors vite, dans le sac de couchage et plus un bruit…La petite souris profitera de ce calme absolu pour passer à l’étage du dessous, chez les filles. Pourvu qu’elle vienne de Suisse !

Chapitre 11

OH C’EST BEAU !

Dès pétro minet, la maîtresse de sa voix, qu’elle voudrait la plus douce possible, nous incite à sortir du lit. Tout de suite, l’intonation change et devient plus affirmative : « Sautez dans vos combines, faites la toilette des chats ; aujourd’hui, nous allons voir des chiens. » Qu’est-ce qu’elle raconte, Isabelle ?

 Au p’tit déjeuner, elle nous conseille de manger copieusement alors qu’on est encore tout endoloris de sommeil. J’ai fait tomber deux fois ma tartine du côté de la confiture et j’ai mis mon coude dans le beurre. Sandrine a aussi demandé d’aller chercher la balayette car sous la table, il y avait tout le repas de ses poules. « Ah ben, c’est BEAU ! », gronde t’elle gentiment.

Nous partons vers l’univers des chiens de traîneau. Avant d’arriver à la Combe des Cives, nous traversons des villages aux toits enneigés, les routes sont bordées d’épicéas dont les branches plient sous d’épaisses couches de poudreuse. Dans le car on n’arrête pas de pousser des OH et des AH « Comme c’est BEAU ! »

On vient de changer de département. Nous sommes dans le Doubs. La meute de chiens de François et Séverine nous attend. Un véritable concert d’aboiements ! « OUH, comme c’est BEAU ! » Les huskis ont l’air drôlement contents d’aller au travail, plus que moi quand je dois me rendre à l’école. Je caresse Guiness, plus loin c’est Koucla qui plonge ses yeux bleus dans les miens « Comme il est BEAU ! »

Les équipages sont formés. Un groupe d’enfants laisse ses empreintes de raquettes dans la neige pendant que les autres se blottissent dans les deux traîneaux. Ma copine a eu le droit de prendre les commandes : sacrée musher !

Il est temps de dire aurevoir à nos compagnons d’expédition polaire. Dernière photo devant le cabanon à l’entrée de la ferme. « Comme on est BEAU ! »

Chapitre 12

COMTE : MEDAILLE d’OR

Dans le Jura, il n’y a pas que le Comté qui mérite la médaille d’or du fromage. Vous comprendrez pourquoi dans le chapitre qui suivra celui-ci.

C’est vrai que Bruno, le guide du FORT des ROUSSES nous en a mis plein la vue. De quoi résoudre plusieurs problèmes avec tous ces chiffres qui donnent le tournis dans des caves où se mêlent des odeurs d’ammoniaque et un peu de jus de chaussettes.

Nous avons aperçu de loin ce fort militaire, (le deuxième plus important après le Fort Valérien construit à côté de Paris.)  Il a fallu plus de 70 ans pour construire celui des Rousses qui s’étend sur plus de 21 hectares (soit 50 terrains de foot, je crois). Il est composé de 7 étages dont 4 souterrains. Il pouvait accueillir dans ses 50 000 m 2 de salles voutées 2500 hommes et chevaux

Trop cool ! Charles Arnaud, le propriétaire (on le voit dans une publicité pour « Juraflore ») est sûrement hyper riche : il veille sur un trésor de 132 000 fromages. Je comprends pourquoi les portes sont blindées ! Une seule meule pèse plus de 45 kilos et 500 litres de lait de vache sont nécessaires à sa fabrication. Si tu veux en acheter une seule, il te faut 600 €. Je ne les ai pas dans ma tirelire.  Les fromages s’affinent pendant 6, 12, 18 et même jusque 36 mois ! On a eu la chance de déguster les trois premiers. Un sacré bon goûter pendant lequel on s’est amusé à comparer les saveurs. J’ai préféré celui qui avait 18 mois.

J’aurai pu dépenser presque tout mon argent de poche dans une bonne part de comté, mais j’ai choisi de le garder pour aller dans d’autres boutiques : celle où l’on vend du chocolat suisse ! (Entre-nous, je vous fais une confidence : la maîtresse a un peu insisté pour qu’on y fasse un détour. Bref, on ne peut pas tout lui refuser.) J’ai appris par Stéphane, que le Cervin, la montagne la plus connue de Suisse, a été choisie pour orner l’emballage du TOBLERONE.

J’ai beaucoup aimé aussi le magasin de boissellerie. Je n’ai pas trouvé la pipe dont je rêvais pour papa. J’étais bien embarrassé : il y avait un sacré choix d’objets en bois : une crécelle pour moi, une voiture pour mon petit frère, une planche à découper pour maman. Mince, il me manque 1,25 € ! Bon, je repose la voiture ou la crécelle ?

Pile, je me fais plaisir. Face je prends le cadeau pour ma famille. Bon, je relance la pièce, elle a roulé…Je rejoue !

Vite, il est temps de rejoindre notre gîte. La nuit est déjà tombée.

Et Joëlle, personne ne l’a vue?  Si elle est allée chercher du vin jurassien. C’est vrai qu’en France, ce que les Anglais nous envient, ce sont nos cépages!

Mais que regardent-ils donc avant de quitter le Jura ?

Des souvenirs dans la vitrine de la boissellerie. Ils ne savent lequel choisir…

Chapitre 13

FONDEURS : MEDAILLE d’OR, ENCORE !

J’ai oublié de vous parler de Sophie qui veille sur nos petits bobos. C’est une vraie maman poule qui nous dorlote, nous chouchoute. On peut tout lui dire. Elle me fait penser à une psychologue, en plus rigolote. On l’adore et on l’appelle plusieurs fois par jour.

Je savais qu’elle était là. Alors j’étais rassuré quand je chaussais mes skis. De toute façon, personne ne s’est transformé en bouillie contre un arbre, comme Pépé Roger.

On a tous progressé en ski de fond. Au début, certains étaient crispés comme des piquets. J’ai aussi croisé des copains d’un autre groupe avec la combinaison couverte de neige. Soit, ils aimaient s’allonger dans la poudreuse. Soit, ils filaient, prenaient trop de vitesse et finissaient par faire le chasse neige pour s’éclater aussi dans la poudreuse. Le résultat était le même.

Certains glissent comme des flèches. On dirait qu’ils sont nés avec des skis sous les pieds. Tu les croises. Tu leur souris en te crispant et eux ils lèvent les bras comme des champions, ils s’arrêtent là où le moniteur l’a demandé ils tendent leur pouce dans leur moufle pour te signifier que c’est facile.

Bref, on n’entendait plus les moniteurs nous donner ce genre de conseils :

  • Ne descends pas la piste à l’envers.
  • Mets tes deux skis.
  • Evite d’embrocher les copains avec tes bâtons.
  • Ferme la bouche si tu tombes la tête la première, la neige c’est froid sur les dents.

La maîtresse, elle, on ne connaît pas son niveau. Elle se cache pour skier avec les autres adultes. J’ai l’impression que leur moniteur c’est Raymond : il porte une combinaison rouge et il a l’air de se débrouiller.  Justine leur a préparé des badges pour qu’ils ne se perdent pas et elle a aussi demandé qu’on ne se moque pas les uns des autres. Normal !

C’est notre dernier repas au GRAND TETRAS. On aurait espéré une remise d’insignes. A la place, Sylvie a distribué tous les vêtements perdus. C’est un élève de Tréguier qui a gagné : il a récupéré deux paires de gants, un masque et plein d’autres vêtements. On ne se moque pas, avait prévenu Justine. Re-Normal !

Stéphane a laissé les fourneaux, il a agité une dernière fois la cloche qui réclame le silence. Il a pris la parole de façon très solennelle pour nous féliciter de nos progrès de skieurs : « Vous êtes des Bretons, ça se voit. Vous n’avez pas peur et vous apprenez vite. Je vous ai aperçus quand vous rentriez. Vous pouvez être fiers de vous-mêmes ! » Waouh ! Un tel compliment de la part d’un Jurassien, ça vaut une 1ère étoile !

Admirez nos mines réjouies lors de nos derniers jeux dans la neige.

Chapitre 14

ET 1 et 2 et 3 ETOILES !

On avait envie de pleurer d’émotion car le séjour se terminait. Alors Sylvie a pris sa guitare et on a entonné notre tube de la classe de neige « Grand Tétras, p’tit Tétras… ». J’avais quand même la gorge de plus en plus serrée.

L’excitation montait dans la salle à manger, et depuis quelques repas, le concours des fraises Tagada distribuées aux tables des enfants les plus silencieux ne fonctionnait plus. On aurait préféré la deuxième étoile.

Sylvie, qui avait gardé sa guitare en bandoulière, nous a entraînés dans une véritable litanie d’au revoirs et de mercis : « Si tu as de la joie au cœur, dis MERCI :

Merci Raymond et Anne-Marie, papy et mamie SKI !

MERCI Joëlle et Calypso !

MERCI Sophie !

MERCI Sylvie de nous avoir donné la chance de te suivre.

MERCI Justine et Tristan !

MERCI Mimi et Christophe !

MERCI Isabelle (c’est notre maîtresse).

MERCI Stéphane, Sandrine, Lucie, Laura et Pépé Roger, notre famille du Grand Tétras!

Et surtout, MERCI aux enfants…

Je retenais mes larmes. Je n’avais plus envie de partir.

Dans le car, on a éteint les lumières et j’ai laissé mes larmes couler dans mon cache cou. Avec le bruit rassurant du moteur, j’ai commencé à me passer le film du séjour dans la tête. J’étais tellement fatigué que j’ai dormi tout le long du trajet. Quand je me suis réveillé, j’étais en face d’une rangée de camions. Il n’y avait plus de neige. J’ai suivi les copains qui se dirigeaient vers une grande tache de lumière. J’ai continué de les suivre et je me suis retrouvé aux toilettes. J’aime bien me servir du souffleur pour se sécher les mains.

Isabelle et Sylvie ont distribué autant de pains au lait que nous le voulions.

Huit heures : « Allez, les enfants, on remonte dans le car ! »

Je voudrais bien jouer aux cartes avec mes copains mais la maîtresse nous demande de nous reposer encore. A mon avis, c’est plutôt elle qui a besoin de repos !

Je me suis réveillé à nouveau au moment où nous passions le pont de Lézardrieux. Mon cœur a commencé à battre très fort. Je reconnaissais les lieux : retour au niveau de la mer. J’allais revoir ma famille ! Nos parents nous attendaient sur les quais. J’ai sauté dans les bras de papa et je me suis blotti un moment contre le cœur de maman, pas trop longtemps tout de même. Je suis grand maintenant. J’ai réussi à me débrouiller sans personne pendant une semaine.

Mon petit frère tournait autour de moi. Il était, (genre intéressé), pressé de découvrir le souvenir que j’avais promis de lui apporter.

  • Doucement, arrête de me coller. Je suis fatigué.

Je revenais d’une expédition polaire, il ne fallait tout de même pas l’oublier !

Et surtout, même si j’étais heureux de retrouver les miens, je me demandais comment j’allais faire pour vivre tout seul dans ma chambre silencieuse, sans les copains à qui je donnais des coups de polochons tous les soirs, sans les supers adultes qui nous ont aidé à bien grandir !

J’ai donc remporté une 3è étoile : celle de l’autonomie !

Maintenant, j’attends le facteur qui doit déposer ma carte postale dans notre boîte aux lettres.

J’attends aussi le moment le mieux choisi pour redire à mes parents combien je les aime. Ce sera l’occasion de les remercier pour cette extraordinaire classe de neige que je n’oublierai jamais.

Mardi 24 janvier, quand nous nous retrouverons à l’école, rien n’aura changé mais tout me semblera différent. Car quand on a passé une semaine dans le même gîte, tout est différent.