La pastorale des Santons de Provence, jouée par les élèves fut une merveille. Avec un peu de trac, c’est bien naturel, mais surtout avec leur cœur et tellement de plaisir, ils nous ont régalé de leurs tirades, de leurs exclamations, de leurs chants, de ces tableaux vivants.
Pauline, leur cheffe d’orchestre, dans les sillons de Madame Vignon, a été capable de les réunir tous, des plus petits aux plus grands, dans une seule communauté que les familles nous ont fait la joie de compléter. Un projet fou peut-être ! Néanmoins, un résultat remarquable, touchant et sincère pour glorifier la naissance du Tout Petit,
Ecoutez, écoutez l’histoire que j’ai à vous raconter !
C’était le 24 décembre. Il faisait venteux et tous les habitants de Bethléem s’étaient mis au lit de bonne heure.
Le vent, qui est un ami du Bon Dieu, avait chassé les nuages à des milliers de kilomètres, pour que le ciel soit tout propre et tout brillant d’étoiles pour la naissance du petit enfant.
Allons, encore un petit effort. Tiens, je vois un cabanon là, tout près. Heu, excusez-moi de vous déranger.
Le boeuf et l’âne, qu’on avait tirés du premier sommeil, ont failli se mettre en colère. Mais quand ils ont vu la sainte Vierge toute pâle et saint Joseph avec ses grosses mains rudes et calleuses de charpentier, ils ont eu honte et sont devenus tout gentils.
L’âne : Ne restez pas dehors.
Le Boeuf : Venez vite au chaud.
L’âne : Vous avez de la chance, on a changé la paille justement ce matin.
Le Boeuf : Si on avait su que vous veniez, on aurait mis un peu d’ordre.
Les miracles se sont succédé à une allure extraordinaire. Le miracle du Braconnier et du gendarme, et bien, il n’était pas commode à réussir…Cela faisait vingt ans qu’ils se couraient après ! Et cette nuit-là, on entendit dans le poulailler de Roustide, le plus riche propriétaire de Bethléem, un gros rire triomphant.
Même ce poltron de poissonnier, même sa femme, la poissonnière, ils se sont sentis bizarres, comme s’ils avaient envie de changer de peau.
La Poissonnière : Poissonnier ! Viens vite voir ! Regarde ces cabillauds !
Le Poissonnier : Oh !
La Poissonnière : Ils étaient mous et gris. Maintenant, on les dirait vivants.
Le Poissonnier : C’est un vrai miracle !
Le gendarme : Ha, ha, ha !!! Cette fois, mon brave ami, je crois que je te tiens !
Le Braconnier : Eh, j’ai rien fait de mal.
Le gendarme : Et cette dinde que tu tiens dans la main, elle est à toi peut-être ?
Le Braconnier : Heu, pas tout à fait. Mais c’est Noël !
Le gendarme : Et alors ?
Le Braconnier : Et alors, à Noël, tout le monde en mange de la dinde…
Et on entendit un Choeur d’anges : Le gendarme eut alors envie de délivrer le braconnier. Et ce dernier voulut rendre la dinde à son propriétaire.
Les miracles de cette nuit, je ne peux pas vous les raconter tous, parce qu’il en a trop…
Les habitants à la suite de l’ange, se sont pris par la main et ont dansé la farandole.
Le berger a retiré l’agneau qu’il avait autour du cou, et l’a posé au pied du petit Jésus. Il a aussi fait une dernière caresse à son chien qu’il voulait aussi offrir comme cadeau alors qu’il était son seul ami…
Et c’est ainsi qu’ils sont tous, pour l’éternité : la sainte Vierge et saint Joseph regardent dormir le petit Jésus et l’adorent. Le Ravi, les bras en l’air s’émerveille. L’aveugle prie dans le silence de son coeur. Le poissonnier, la poissonnière et le berger offrent ce qu’ils ont de plus précieux. Et le braconnier qui a mis amicalement la main sur l’épaule du gendarme. Et le gendarme qui se lisse la moustache. Et Roustide, avec pour la première fois de sa vie, de la joie sur son visage. Et le boeuf et l’âne qui se sont endormis, brisés par l’émotion.










