Vous souvenez-vous de l’odeur de l’encre et des tables en bois, des blouses et du bruit des galoches dans la salle de classe, des pitreries et du bonnet d’âne, des privations pendant la guerre, des billes sur la cour de récréation et de cette belle Croix d’Honneur ? Notre spectacle, pour clôturer les 150 ans du Sacré-Coeur, raconte son histoire et celle des écoles primaires d’autrefois.
Chacun de nous retrace le quotidien des deux véritables protagonistes de l’école :
l’élève ou la maîtresse !
Anecdotes, souvenirs et aussi ressentis d’acteurs …
On est ici dans le vivant et on rejoint ce que nos aînés ont pu connaître au temps des billes, des blouses et culottes courtes.
Cela faisait longtemps que je n’étais pas allé sur scène. J’ai eu un petit peu le trac. Mon rôle était court. Je devais dormir jusqu’à ce que la maîtresse dise “Elève Courtillet !” Je me réveillais. Je disais “Heu … !” et les gens rigolaient.
Je suis l’élève perturbateur qui ose lancer un avion en papier sur la maîtresse. J’ai eu peur au moment de le jeter.
Dans les coulisses, je me redisais souvent les phrases que je connaissais par coeur :
“Il faut prendre soin de nos livres et cahiers”, “Mam’zelle, il est absent depuis trois jours”.
Je suis allé au coin, avec le bonnet d’âne !
Je suis l’élève modèle du premier rang, celle qui lit la dictée et qui annonce la prière du jour.
“Seigneur, nourrissez les esprits creux !”
Je suis le dernier à entrer sur scène.
Mais c’est moi qui, le premier, remarque Monsieur Joly, notre instituteur qui revient du front, le temps d’une permission.
Je suis l’écolier qui joue au loup.
Je porte une blouse noire, des chaussettes noires et un short noir.
Qui suis-je ?
C’est moi, l’élève gourmand de la classe.
Ce que je ressens : de la peur et de la joie.
Je parlais au micro et nous avons chanté une chanson de “Choeur d’Ecoles”.
A la fin, j’ai salué le public avec un copain.
J’ai eu le trac de parler et de jeter ma boulette de papier.
Malgré tout, c’était trop bien !
J’étais un élève de 1919/1920 avec une blouse marron clair, le plus souvent au dernier rang.
Après le spectacle, tout le monde était fier d’avoir effectué son rôle. Nos parents étaient contents de nous avoir vus sur scène.
Je joue le rôle d’une petite fille de l’école d’autrefois. Avec mes tresses et ma chemise rose, je vais à l’avant scène pour montrer un exercice de sport. Je suis aussi celle qui apporte le bonnet d’âne pour l’élève que Madame Pètesec n°4 a puni.
On s’est bien amusé sur la scène, même si la maîtresse de 1920 est très sévère.
A la fin, on a salué le public à deux.
En montant sur scène, j’ai eu le sentiment de fierté. J’étais content de jouer cette pièce.
J’aurais envie de recommencer.
J’étais le maître.
Et j’étais un peu stressé.
Et voici nos institutrices qui inculquaient l’ordre, la propreté, l’obéissance et la fierté du travail bien fait.
Toujours prêtes à se fâcher, à crier, à punir …
Je crie sur un élève absent, je reçois un avion et une boulette en papier, j’empêche un élève d’aller aux toilettes.
J’étais fière d’avoir présenté ce spectacle sur le siècle dernier.
J’étais très sérieuse et sévère. J’ai grondé des enfants. J’ai dirigé la chorale avec deux autres maîtresses.
Je portais une jupe noire et un chemisier blanc.
J’étais la dernière à passer, aussi méchante et sévère que les autres.
A la fin du spectacle, j’étais fière. On nous a tous applaudis. C’était drôle de crier sur scène.
C’est l’heure de la récréation, la maitresse nous autorise à nous rendre dans la cour pour jouer à nos jeux favoris : les billes, “Trois p’tits chats” et “Passez pompons, les carillons” !
Passé ce temps de détente, nous abordons une page de notre histoire : “Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer l’école ? Ah mais c’est Charlemagne, sacré Charlemagne !”
Nous sommes quatre élèves de l’école d’aujourd’hui.
Nous remontons le temps …
… et nous nous félicitons d’avoir échappé à l’austérité des maîtresses et des méthodes d’autrefois.
J’étais trop content de montrer aux gens et à ma famille notre spectacle. J’ai adoré faire danser tout le monde.
Grâce à la belle-maman de notre maîtresse, les costumes étaient superbes.
J’observais les élèves d’autrefois et je devais dire :
“Hep, t’as vu à quoi ils jouent ! Même pas un ballon de foot !”
Je devais parler tout seul. J’avais un peu le trac.
Mais finalement, ça s’est bien passé.
C’est la fin de l’année scolaire, chacun d’entre nous garde en mémoire les bonnes leçons de Mam’zelle Pètesec ; pour immortaliser le groupe classe, le photographe nous invite à sourire et à scander : “L’école est finie” !
La pression monte avant le lever du rideau …